Vous prenez part à une démarche de mobilisation et d’action en faveur de la persévérance scolaire et la réussite éducative des jeunes et vous vous questionnez sur le potentiel des actions que vous souhaitez déployer. Sur le site Internet de PRÉCA, vous trouvez les principes à la base d’une action efficace (http://www.preca.ca/projet-efficace/), issus d’un document de référence produit par Réunir Réussir (R2). Mais avant d’y consacrer de votre précieux temps, vous vous demandez :
Quelle importance devrais-je apporter à l’application de ces principes à mes actions?
Tout simplement parce que l’application de ces principes corresponds à vos valeurs organisationnels :
À quel moment dans la réalisation de l’action doit-on appliquer ces principes?
Dans un monde idéal, on applique ces principes à l’étape de la planification de l’action. Mais nous le savons, l’élaboration et l’implantation d’un projet n’est pas une mince affaire. À cette étape, parfois écourtée en raison des échéanciers serrés de réalisation, on doit mobiliser nos ressources et les parties prenantes, des partenaires qui peuvent avoir des agendas chargés, des attentes, des priorités, des modes de fonctionnement et de gestion différents des nôtres. Parfois, ça nous amène à mettre plus d’emphase sur la coordination des tâches à accomplir que sur les résultats à obtenir ou encore, à saupoudrer nos efforts et nos ressources dans trop d’actions. On peut perdre le sens de ce que l’on fait et pour qui on le fait. Et il y a un prix élevé à payer à sous-planifier son action : plus d’imprévus, d’urgences et plus de déception. 80 % des urgences sont la conséquence d’un manque de P (Penser, se Préparer, Prioriser, Préciser, Prévenir (anticiper), Planifier.
La planification est fondamentale et essentielle. Planifier permet de concentrer les efforts et d’augmenter l’intensité des investissements tant humains que financiers.
Et tant qu’à s’investir pour mettre en place un projet, ne souhaitons-nous pas que celui-ci soit soi de qualité, durable et efficace?
Si je n’ai pas appliqué ces principes lors de l’élaboration de mon action, est-il trop tard?
Pas du tout. Durant la mise en œuvre ou lors de la planification d’une prochaine édition, l‘ajustement d’une action en fonction d’un ou de certains de ces principes représente déjà une amélioration quant à l’efficacité de l’action réalisée. Si certaines actions sont remises en question, voire modifiées, pour se rapprocher davantage des pratiques efficaces, il ne faut pas oublier que ce qui peut à prime abord sembler être un pas en arrière se traduira, en bout de ligne, par une avancée. C’est là le processus normal de changement des pratiques – une façon de « reculer pour mieux sauter ».
Faut-il appliquer tous ces principes ?
Bien sûr, l’addition des principes qui sont à la base des actions efficaces constitue un objectif idéal. En outre, plus une action permet de mettre ces principes en pratique, plus les chances augmentent d’avoir l’effet souhaité sur la réussite du jeune. Mais ces principes peuvent s’appliquer progressivement, cela peut se faire pas à pas.
Un de ces principes, des actions fréquentes et intenses, m’apparaît difficile à réaliser, dans un contexte de financement non récurrent, par manque ou instabilité des ressources humaines et financières.
Il faut éviter de céder à la tentation de réduire l’intensité d’une action réputée efficace par manque de ressources humaines ou financières en se disant : « c’est mieux que rien! ». Cela risque de faire en sorte que les interventions ne produisent pas les effets souhaités. Il faut répéter les activités avec les jeunes et bien les répartir dans le temps pour espérer avoir un effet réel et durable sur leur réussite.
Même si cela engendre une plus longue préparation, le travail en partenariat et en concertation est une clé importante pour solutionner l’enjeu. C’est d’ailleurs un des principes fondamentaux d’une action jugée efficace. Par la collaboration et le soutien mutuel, chacun peut contribuer aux activités dans la mesure de son expertise, de son champ d’action et de ses ressources. L’ensemble des acteurs est ainsi en mesure d’appuyer, de bonifier ou de compléter les actions mises en place pour l’une ou l’autre des interventions déployées. L’action devient ainsi plus ancrée dans la communauté et elle aura plus de chance de durer dans le temps.
Comment savoir si la durée, la fréquence et l’intensité de mon intervention est suffisante?
De façon générale, lorsque l’on s’approprie ou s’inspire d’actions ou de programmes qui ont fait la démonstration de leur efficacité dans le cadre d’évaluations rigoureuses, ceux-ci fournissent des indications quant à la durée, la fréquence et l’intensité recommandées des interventions.
À ce propos, il m’apparaît également difficile de mettre en application le principe suivant : des pratiques efficaces fondées sur des données probantes. Cela suppose que nous avons le temps et les connaissances pour s’assurer que l’action posée s’appuie sur des bases théoriques connues et qu’elle a donné des résultats concluants à la suite d’une expérimentation rigoureuse. En réalité, nous devons souvent procéder par opportunité.
Nous comprenons que votre préoccupation première est d’offrir rapidement des services à des jeunes qui en ont besoin, ou de mener une évaluation à partir de la satisfaction des clientèles desservies ou de la perception de certaines d’entre elles. Toutefois, ce type d’évaluation ne renseigne pas sur l’efficacité de l’action par rapport aux objectifs identifiés. Si tout d’abord, vous analysez vos pratiques à la lumière des principes d’action efficaces ou si vous prenez appui sur des principes d’action identifiés par la recherche comme étant à la base de certaines pratiques efficaces, cela représente déjà une avancée, tout comme accéder à la deuxième marche en incluant des moyens concrets dont l’efficacité a été démontrée (fiches pratiques et répertoire d’actions efficaces). Encore une fois, tout est une question de planification. Il existe de plus en plus de répertoires pour trouver des actions ou des programmes réputés efficaces qui répondent aux besoins identifiés et influencent les déterminants sur lesquels on veut agir. Encore faut-il savoir sur quoi on veut agir exactement. À partir de là, vous pouvez trouver les actions les mieux appropriées pour y parvenir et les appliquer dans votre contexte.
Cette invitation à tenir compte des principes à la base des actions efficaces, ce n’est pas l’idée d’imposer une marche à suivre et ce ne sont pas des exigences des bailleurs de fonds. Nous savons toutefois que ce sont des principes fondamentaux sur lesquels s’appuient des actions porteuses de résultats. Que lorsqu’ils sont appliqués à une action, ils vont avoir davantage d’effets sur la persévérance scolaire et la réussite éducative des jeunes.
Nous voulons simplement encourager les organismes à utiliser ces principes comme une sorte de guide permettant de faire des choix éclairés dans l’implantation d’une action. Nous voulons aussi leur donner les moyens de réaliser par eux-mêmes une évaluation de leurs actions entreprises.
Nous souhaitions aussi que vous reteniez qu’il s’agit d’un ensemble d’éléments dont il faut tenir compte dans la mise en place des actions ou pour améliorer celles déjà déployées. On peut donc les utiliser lors de l’élaboration d’une action ou en cours de route pour ajuster une action.
Lorsqu’elle sont maîtrisées, elles améliorent le potentiel des actions. Mais nous savons qu’il faut les apprivoisez pas à pas. Et que vous pourriez gagner grandement à être accompagné pour ce faire. En ce sens, vous êtes invités à utiliser l’outil d’analyse Fiche 20 – Principes à la base des actions efficaces. Ou encore, faites appel à nous pour réfléchir avec vous à l’application de ces principes à vos actions. Véronique se fera un plaisir d’accueillir votre demande de soutien.
Entrevue avec Mme Manon Leclerc, coordonnatrice de L’ABC des Hauts Plateaux et de Mme Martine Bélanger, directrice d’Apprendre Autrement.
Ce projet novateur a vu le jour à l’automne 2008 à Sainte-Lucie-de-Beauregard et à Lac-Frontière. C’est à la suite d’un constat quant à l’importance de l’éveil à la lecture et à l’écriture sur le développement de l’enfant que le projet de la Bibliomobile a démarré.
Rapidement, la Bibliomobile a pris de l’ampleur et des partenaires du milieu ont commencé à y collaborer (municipalités, bibliothèques, garderies en milieu familial, maisons de la famille, CSSS, L’Aventure 0-5 ans, Active-Toi (Québec en forme), maisons d’édition, etc.).
En bref, la Bibliomobile est un service gratuit pour les familles ayant des enfants de 0 à 5 ans. Son objectif est de prévenir, dès la petite enfance, les difficultés scolaires et le décrochage. Pour ce faire, des intervenantes en éveil à la lecture et à l’écriture circulent entre les maisons et font des prêts de livres et de jeux éducatifs sur place, animent une lecture et proposent aux parents des outils d’éveil au quotidien avec comme base théorique la technique ALI (les activités de lecture interactive). Plus d’informations.
Nous leur avons demandé de remplir la fiche d’évaluation d’une action efficace disponible via les fiches des déterminants de R2. Elles ont accepté de faire l’exercice, qui fut fort enrichissant selon elles. Voici les résultats :
Cela nous a permis de voir qu’il y a beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients à ce service et que notre travail est plus que primordial. Nous croyons que nous sommes un appui important pour nos jeunes familles.
Peut-être au niveau des garderies, nous croyons que l’impact réel est plus au niveau des familles, puisque nous communiquons directement avec les parents. Nous cesserons le service dans les milieux de garde pour mieux nous concentrer et desservir l’ensemble des familles à domicile.
Depuis l’entrée en poste des intervenantes de la Bibliomobile chez Apprendre Autrement et à L’ABC des Hauts Plateaux, nous avons pu remarquer la vulnérabilité dans les familles, nous avons pu constater que les jeunes ne partent pas tous à la même place dans la vie. Nous avons pu aussi remarquer que ce n’est pas seulement dans les familles dites vulnérables que nous retrouvons des enfants avec des défis et des difficultés de langage.
De plus, puisque nous ne pouvons divulguer d’informations entre partenaires, il est plus difficile de rejoindre les familles très très vulnérables et de créer un filet de sécurité autour des enfants et de leur famille.
Nous trouvons aussi très troublant que nous ayons à prouver sans cesse notre valeur auprès des bailleurs de fonds. Pour nous, c’est une évidence que la Bibliomobile est primordiale et que le matériel que nous utilisons est nécessaire pour aider les enfants et diminuer les inégalités. Exemple : achat de livres ou de matériel pédagogique.